Victorien Defosse a co-fondé Unboared avec David Albert. Il a bénéficié en 2023 d’un prêt d’honneur du Fonds IMT Numérique alors que son équipe et lui étaient incubées à Télécom Paris.
Parlez-nous un peu de vous et de votre parcours ?
Je suis Victorien Defosse. J’ai grandi en Normandie avant d’atterrir à Paris pour terminer mes études. Beaucoup de passions : l’horlogerie, les jeux vidéos, la musique (plus particulièrement le métal), le design et la technologie. Après mon école, j’ai commencé à travailler en cabinet de conseil pendant 3/4 ans. J’avais cependant très envie de monter ma boîte, comme beaucoup, avec le rêve de construire un produit qui pourrait être utilisé par des milliers de personnes. En 2022, après avoir quitté mon entreprise, je rencontre David Albert grâce à la plateforme cofondateur.fr.
David, a réalisé ses études à l’INSA, qu’il a terminé à Lyon avant de travailler pour le laboratoire INRIA en tant qu’ingénieur de recherche en IA. Tous les deux passionnés de jeux, de technologie et animés par une volonté de créer du lien entre les individus, travailler ensemble nous est apparu comme une évidence. Cela nous a motivés pour commencer à réaliser un premier prototype de ce qu’allait devenir Unboared.
Pouvez-vous nous en dire plus sur Unboared et comment la start-up est née ?
Unboared est né d’une idée simple : les individus aiment jouer ensemble, mais cela nécessite du matériel (consoles, manettes, ordinateurs..). De plus, le secteur du jeu vidéo en ligne est priorisé depuis quelques années par les acteurs du domaine, alors qu’une grande partie des joueurs aiment jouer ensemble physiquement.
Nous avons donc décidé de créer un prototype d’une console multijoueur entièrement dématérialisée, pouvant être lancé via un navigateur et ne nécessitant qu’un téléphone en guise de manette. Après plusieurs prototypes et des milliers d’utilisateurs / testeurs, notre marché actuel s’est ouvert à nous : les espaces d’affluence. Aéroports, gares, bars, salles de spectacle… Tous cherchent à mettre en place des services de jeux vidéos afin d’améliorer l’expérience d’attente des visiteurs.
Jusqu’à maintenant, mettre en place un espace pour des jeux vidéos nécessitait plusieurs consoles, ordinateurs, manettes à changer mensuellement, et surtout un grand espace. Avec notre solution, ils n’ont qu’à installer une grande TV sur un mur et les visiteurs peuvent jouer simultanément ensemble de 1 à +100 personnes sur nos différents jeux. C’est ce qui nous permet aujourd’hui de travailler avec les aéroports de Marseille, de Bordeaux (et d’autres sont à venir), mais aussi avec des Zenith, l’Accor Arena ou bien des chaînes de bar comme Ninkas.
Qui vous a inspiré pour passer le cap de l’entrepreneuriat ? Aviez-vous des modèles ?
Quand j’étais encore étudiant, j’ai participé à mon premier Startup Weekend, à Rouen. Je m’y rendais par curiosité, sans m’attendre au bouleversement que cela aurait dans ma vie. J’y ai vécu ma première expérience pseudo entrepreneuriale, mais cela m’a aussi permis de rencontrer des personnalités inspirantes et motivantes (Matthias Goldenberg, Ulysse Franco, Quentin Le Gall…). C’est à ce moment que j’ai découvert que nous avions la possibilité de créer de belles choses lorsque différents profils étaient réunis. Cela m’a poussé à créer mon auto-entreprise de graphisme et stratégie de communication, à essayer de créer quelques projets technologiques mais aussi de créer un réseau d’étudiants entrepreneurs avec les personnes précédemment citées. J’ai pu rencontrer ou découvrir, tout au long de mon parcours, des entrepreneurs plus incroyables les uns que les autres.
Vous avez bénéficié d’un prêt d’honneur du fonds IMT Numérique en 2023. Quel impact a eu ce prêt sur votre projet entrepreneurial ?
Nous avons pu bénéficier de ce prêt d’honneur qui nous a permis de continuer de recruter des talents dans le milieu du jeu vidéo pour créer et compléter notre offre actuelle.
Quels sont les défis auxquels vous avez dû faire face en tant qu’entrepreneur ?
Au départ, la solitude. J’aime travailler avec des gens. Après des années à côtoyer beaucoup d’équipes dans le conseil, je me suis retrouvé seul à travailler de mon appartement avec mon associé à distance pendant 1 an. Cela a nécessité de mettre en place un rythme strict entre sommeil, heures de travail et le sport. Mais aussi de se pousser à participer à des évènements d’entrepreneurs dans Paris. L’autre défi était la polyvalence et liberté d’action.
Quand on est entrepreneur et surtout au début de l’aventure, on se retrouve à faire des tâches avec lesquelles nous sommes à l’aise et d’autres beaucoup moins. On peut passer une heure à faire du design d’interface, puis travailler une heure sur des dossiers administratifs. Il y a des milliers de chemins pour potentiellement arriver à un même résultat, il est souvent compliqué de savoir ou décider quel chemin prendre et de quelle manière l’aborder.
De mon côté, il m’était plutôt confortable de travailler sur l’UX / l’UI de notre produit ou de discuter avec des clients. Cependant, c’était bien plus flou de travailler sur la comptabilité, les sujets légaux ou la recherche de subventions. D’où l’importance de réussir à bientôt s’entourer via des évènements et autres.
Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Actuellement, plusieurs clients utilisent Unboared, nous cherchons maintenant à atteindre la rentabilité d’ici la fin d’année. Ma priorité est d’installer Unboared dans un maximum d’espaces afin d’aider ces derniers à améliorer leur expérience. Nous optimisons au fur et à mesure notre produit afin qu’il soit le plus simple et rapide d’utilisation afin de générer de nouvelles opportunités pour nos clients.
Quelles sont vos ambitions futures pour Unboared ?
Nous travaillons en ce moment sur le développement d’Unboared en Europe, pour les années 2025 / 2026. Nous souhaitons multiplier notre présence et passer de dizaines de milliers à des centaines de milliers d’utilisateurs. Notre idéal sur le long terme serait de capitaliser sur notre présence B2B pour ouvrir de nouveau notre solution en B2C et permettre aux foyers de jouer de chez eux à Unboared.
Que pourriez-vous dire à une personne qui hésite à se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Donne toi trois mois, avec ou sans job à côté. Le premier mois, observe le milieu dans lequel tu souhaites entreprendre (organise des interviews, rend toi sur place, essaie de comprendre en mettant de côté tes convictions). Au second mois, résume ce que tu as appris et identifie les problèmes rencontrés. Crée un prototype / MVP / fake solution qui pourrait répondre à cela et planifie sa mise en place. Au troisième mois, retourne voir les personnes concernés, vend leur ta vision et les possibilités de ta création. À l’issue cette période, tu sauras si tu dois te lancer.
Aujourd’hui, les start-up peuvent avoir un véritable impact positif au niveau sociétale et écologique. Quelles sont les valeurs que vous défendez à travers votre entreprise ?
Ce que nous défendons avec David depuis le départ, c’est le lien entre les individus. Le jeu vidéo est devenu l’un des loisirs préférés des humains. Beaucoup d’entre eux parviennent à créer des amitiés grâce à cela (Rapport de la SELL 2023). Nous sommes fascinés par la capacité du jeu à créer des interactions, des discussions et des relations et cela peu importe notre milieu. Grâce à notre produit, nous souhaitons faire en sorte qu’un inconnu puisse jouer avec un autre inconnu et créer un pont entre ces derniers.
