11 Janvier 2023
Abril Amaya est étudiante à IMT Atlantique. Grâce à une bourse de la Fondation Mines-Télécom, elle a pu représenter la France au concours international d’innovation nucléaire I4N en décembre dernier à l’International Youth Nuclear Congress (IYNC) 2022 à Koriyama, au Japon, qu’elle a remporté avec son projet Navigatom.
Avec Amaratou Saley, Thibault Rozalen, Laura Bocquet et Nathan Ribayrol, ils ont travaillé pour promouvoir la décarbonisation de la marine marchande. Le projet vise à sensibiliser les états et les acteurs locaux pour créer des infrastructures adaptées à l’accueil de cargos à propulsion nucléaire dans les ports existant.
Soutenir de beaux projets comme celui-ci et faire rayonner partout dans le monde l’expertise d’élèves talentueuses comme Abril Amaya, c’est aussi à cela que servent les dons des alumni. Nous revenons avec Abril sur cette expérience.
Parlez-nous un peu de vous ?
Bonjour ! Je suis Abril Amaya, étudiante argentine en double diplôme à l’IMT Atlantique. En dehors de l’école, j’aime passer du temps avec mes amis et ma famille, dessiner, faire du ski. J’aime sortir de ma zone de confort et saisir les opportunités. J’adore voyager et découvrir de nouvelles cultures. Au cours de mes études j’ai découvert ma passion pour le domaine du nucléaire et pour la résolution de problèmes. Je souhaite à présent mettre mes compétences au service du développement de l’industrie nucléaire afin de contribuer aux défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Je viens de Patagonie, au sud de l’Argentine. A mes 17 ans, j’ai déménagé à Buenos Aires pour étudier l’ingénierie des processus à l’UBA (Université de Buenos Aires). Pendant mes études, je me suis intéressée à l’ingénierie nucléaire et j’ai décidé de me spécialiser dans ce domaine. C’est pour cette raison que j’ai intégré l’IMT Atlantique en août 2021.
En ce qui concerne mon expérience professionnelle, j’ai fait mon stage de deuxième année à EDF, dans la CNPE de Bugey, dans le service Mesures et Environnement. Actuellement, je suis étudiante en ingénierie en dernière année et je ferai mon stage de fin d’études de nouveau au sein d’EDF, dans le service chimie et matériaux de la direction industrielle, à Saint-Denis.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre projet Navigatom qui vous a permis de remporter ce concours prestigieux ?
Navigatom vise à anticiper l’arrivée des cargos nucléaires en équipant les ports en infrastructures nécessaires à leur accueil.
Actuellement il y a différents projets pour décarboniser la marine marchande. Parmi ces projets, beaucoup concernent la propulsion nucléaire. Il s’agit d’ailleurs d’une excellente solution au problème de transport maritime : il ne faut pas oublier que les projections montrent que ce type de transport représentera 17 % des émissions de CO2 d’ici 2050.
Différents projets sont en cours de développement, mais pour que ces projets soient réalisables, Navigatom est nécessaire. Pourquoi ? Parce qu’il faut des ports prêts à recevoir des navires nucléaires, des installations et des contrôles qui ne sont pas les mêmes pour un navire contenant des matières nucléaires. Navigatom comprend la technologie, la sécurité, la réglementation, la validation de l’autorité de sécurité et principalement le lien entre les navires nucléaires et les ports existants.
Comment est né Navigatom ?
Navigatom est né lors du concours Innovatome, le concours français de l’innovation nucléaire. Cette initiative animée par la SFEN Jeune Génération vise à développer l’esprit de créativité et d’innovation des participants regroupés au sein d’équipes pluridisciplinaires. L’objectif était de créer une innovation dans le domaine nucléaire qui contribue aux défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés.
Dans le cadre de cette compétition, les groupes sont formés par les organisateurs en mixant des personnes de différents horizons professionnels. Avant le concours, Amaratou, Laura, Nathan, Thibault et moi nous ne nous connaissions pas, mais nous avions un objectif commun : développer un projet innovant en un week-end et convaincre le jury.
C’est ainsi qu’après deux longues journées de réflexion, Navigatom est né. Nous avons réfléchi à une solution pour le transport maritime en raison de ses fortes émissions. Nous avons bien sûr pensé à la propulsion nucléaire, aux projets en cours et nous avons réfléchi aux améliorations possibles.
Comment se sont passé les différents concours ? Que vous ont-ils apporté ?
La première étape de la compétition était Innovatome le 15 mai 2022. C’est là que j’ai rencontré les membres du groupe et que l’on a fait aussi connaissance avec notre coach, Jérôme, qui nous a accompagnés dans cette longue aventure. À la fin du week-end, nous avons présenté notre projet au jury et il a été choisi comme finaliste. La finale a eu lieu lors de l’événement « Atoms for the Future » en octobre de la même année.
Ainsi, après beaucoup de travail entre mai et octobre, nous avons présenté le projet avec de nouveaux développements à un autre jury. Nous avons été élus lauréats de l’édition 2023 d’Innovatome.
Après l’annonce de notre victoire, on nous a indiqué que nous avions la possibilité de participer à la finale mondiale de l’innovation nucléaire dans le cadre du concours I4N qui a eu lieu lors du congrès de l’IYNC à Koriyama, au Japon. C’était une compétition difficile mais finalement, lors de la cérémonie de clôture du congrès, la victoire de Navigatom a été annoncée !
Au cours de ces différents concours, j’ai eu l’occasion de rencontrer des personnes très intéressantes et de créer de belles amitiés. Je pense que ce que ces expériences m’ont le plus apporté, c’est la motivation. C’est incroyable d’être entourée de personnes aussi passionnées par le domaine.
Quel type de soutien avez-vous reçu pour participer au concours I4N ?
La possibilité de participer à I4N pendant le congrès IYNC à Koriyama au Japon nous a été annoncée après avoir gagné le concours Innovatome. C’est-à-dire le 7 octobre 2022. Le concours international s’est déroulé du 27 novembre au 2 décembre. Nous avons donc eu moins de deux mois pour nous organiser et trouver les ressources nécessaires pour nous rendre au Japon. Le concours IYNC nous a accordé une subvention, mais celle-ci représentait environ 15% des dépenses nécessaires au séjour. C’est ainsi que chaque membre du groupe a tenté de trouver un financement pour le voyage.
Personnellement, j’ai pu faire une demande de bourse auprès de la Fondation Mines-Télécom avec l’accord d’IMT Atlantique, qui a été acceptée et a rendu cela possible. Je profite de cette occasion pour remercier encore une fois les donatrices et donateurs qui financent ce type de bourse, grâce à eux j’ai pu vivre l’une des meilleures expériences de ma vie.
Considérez-vous que cette bourse a contribué à vous faire devenir lauréate de ce concours cette année ?
En effet, sans le soutien financier de la fondation, je n’aurais pas pu voyager et donc remporter ce concours.
Avez-vous quelque chose à ajouter sur votre retour d’expérience pour les prochains boursiers?
Oui ! J’ai envie de leur dire d’essayer ! Essayez de demander de l’aide, beaucoup de gens m’ont dit qu’il était très difficile d’obtenir des aides financières pour des projets de ce type. La chose la plus importante est de croire en la valeur de ce que vous faites et de le transmettre. Si vous êtes capable de transmettre tout cela, il est plus facile d’obtenir de l’aide.
Enfin, à ceux qui bénéficient déjà d’une aide, je voudrais leur dire d’en profiter, de l’apprécier et si un jour ils peuvent donner quelque chose en retour, de le faire sans hésiter. De mon côté, du moins pour le moment, j’essaie de donner de la visibilité et de montrer tout ce que la fondation a fait pour moi.
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